Plaidoyer pour la Petite Enfance
Par Marion Charpentier
Agissons aujourd'hui pour préparer demain
La petite enfance est une période décisive qui façonne l’avenir des enfants et de notre société. Pourtant, en France, les enjeux liés à l’accueil des tout-petits, au soutien à la parentalité et aux conditions de travail des professionnels restent nombreux. Face à cette réalité, Ensemble pour la Petite Enfance (EPE) formule des recommandations clés pour les parents, les professionnels et les pouvoirs publics afin d’offrir aux enfants les meilleures conditions de développement.
Parents : un besoin urgent de soutien
Constats préoccupants
- Baisse de la natalité : 663 000 naissances en 2024 contre 818 000 en 2014 (-18,95 % en 10 ans).
- Isolement parental : 2 parents sur 3 déclarent se sentir seuls et 3 sur 5 éprouvent des difficultés avec leurs enfants.
- Santé mentale des mères : Le suicide est la première cause de mortalité maternelle dans l’année suivant l’accouchement.
- Modes d’accueil insuffisants : 60,3 places pour 100 enfants de moins de 3 ans en 2024.
- Indemnisation du congé parental très basse : Entre 167,22 € et 448,42 € par mois, vs. jusqu’à 1 800 € en Allemagne (65 % du revenu brut).
Enjeux
- Renforcer le soutien et l’accompagnement à la parentalité (congés, modes d'accueil, sensibilisation au développement de l'enfant).
- Améliorer la santé mentale des parents, grande cause nationale de 2025.
Recommandations
- Mettre en place une politique familiale durable : universalité des allocations familiales, soutien aux familles monoparentales.
- Augmenter le montant et la durée du congé parental, élargir son accessibilité à toutes les professions.
- Former les professionnels de santé sur la santé mentale des jeunes parents.
Professionnels de la petite enfance : un secteur à bout de souffle
Constats préoccupants
- 27e sur 35 : Classement de la France en matière de qualification des professionnels petite enfance (OCDE).
- Pénurie de personnel : 48 % des assistantes maternelles partiront à la retraite d’ici 2030.
- Salaires bas : Entre 1 500 et 1 800 € brut/mois.
- Encadrement inadapté : 1 adulte pour 6 enfants en moyenne, contre 1/3 à 1/4 en Europe.
Enjeux
- Attirer et fidéliser les professionnels grâce à de meilleures conditions de travail.
- Améliorer la qualité des formations et l'accompagnement des équipes.
Recommandations
- Revaloriser les salaires (prime type « Ségur de la santé » pour les professionnels de la petite enfance).
- Ajuster les formations à la lumière des dernières connaissances scientifiques sur l’enfant.
- Réduire le ratio d’encadrement à 1 adulte pour 4-5 enfants.
- Développer des crèches associatives et coopératives pour garantir un accueil de qualité.
Pouvoirs publics : un investissement essentiel pour l'avenir
Constats préoccupants
- Inégalités accrues : Le parcours du jeune enfant est fragmenté entre famille, crèche et école maternelle.
- Exemples à suivre : En Allemagne, les Kitas accueillent les enfants de 0 à 6 ans ; en Norvège, les kindergarten de 0 à 7 ans.
- Budget insuffisant : 3 à 4 milliards d’euros pour la petite enfance, soit seulement 5 à 6 % du budget total de l’éducation.
- Pauvreté infantile : 1 enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté.
Enjeux
- Réduire les inégalités sociales et éducatives par une meilleure continuité des parcours.
- Augmenter les budgets alloués à la petite enfance et aux actions préventives.
Recommandations
- Instaurer une approche interministérielle pour la petite enfance.
- Investir massivement dans la prévention précoce (cf. Pr. James Heckman).
- Mettre l’intérêt de l’enfant au centre des décisions (effectifs en EAJE, aménagements urbains, politique des congés parentaux…).
Agissons ensemble pour l'avenir de nos enfants !
Les premières années de vie sont déterminantes pour le développement de l’enfant et l’égalité des chances. Parents, professionnels, pouvoirs publics : chaque acteur a un rôle à jouer !
Marion Charpentier, Responsable ressources pédagogiques Boîte à Outils