Dulala s’attache à développer des représentations positives des langues en explorant le fort potentiel artistique qu’elles portent : abstraction, variété des formes d’expression, musicalité, etc.
En créant des outils qui laissent une large part à la beauté et à l’imaginaire, Dulala entend souligner la créativité et la puissance formelle des langues, et célébrer leur capacité, au même titre que les arts, à développer un regard sensible et critique sur le monde et à renforcer la cohésion de la société dans le respect de la diversité.
Au-delà de la réussite scolaire des enfants, Dulala œuvre pour que la diversité des langues soit reconnue par tous comme un trésor culturel essentiel. Cette éducation à l’altérité est clé à notre avis pour lutter contre les inégalités. Et cela se met en place dès le plus jeune âge.
Notre vision fait écho aux directives du Ministère de la culture sur l’éveil artistique et culturel du jeune enfant :
« Le rapport au symbolique et à l’expérience sensible, l’éveil à la créativité, la découverte de la culture comme espace d’échanges avec autrui, de connaissance de soi et du monde, comme mode d’expression et vecteur de lien social, portent des enjeux essentiels à l’avenir de notre société. C’est pourquoi l’éveil artistique et culturel, qui répond aux besoins fondamentaux des bébés (cognitifs, émotionnels, psychologiques et d’expression par le langage) contribue à les inscrire dans une culture qui elle-même conditionne le développement et le bien-être de l’enfant et, au-delà, celui de chaque personne adulte9 » .
Quelles difficultés supplémentaires les parents allophones – qui ne parlent pas français – ont-ils en France par rapport aux parents francophones natifs et comment cela affecte-t-il le développement de leur enfant ?
Quand une personne est allophone, elle est confrontée non seulement à des difficultés linguistiques mais aussi culturelles, car les codes sociaux peuvent être très différents entre les différents pays. Il nous semble alors important de mettre en place des dispositifs efficaces pour les accompagner à apprendre la langue du pays d’accueil mais également mettre en place des systèmes de traduction et d’explication de ce qui est attendu en France.
Par exemple, pour expliquer le système scolaire français et traduire les mots de l’école afin de faciliter la communication avec les parents dont le français n’est pas la langue première, Dulala a développé Lexilala, une sorte de grand dictionnaire multilingue contenant plus de 700 expressions clés liées à l’école. Chaque mot a été illustré, traduit dans 15 langues et accompagné d’un audio. Ce dispositif a aussi été adapté pour les professionnels de la Petite Enfance.
Que préconisez-vous pour un meilleur accompagnement dès les 1000 premiers jours ?
Il y a sans doute des enjeux de développement de parcours de formation initiale et continue mais également de diffusion de ressources informatives et pédagogiques pour que les parents et les professionnels de l’éducation puissent accueillir et accompagner les enfants en tenant compte de leurs différents profils. Comme l’indique Gregg Roberts « Le monolinguisme est l’illettrisme du 21ème siècle ». Cultiver et/ou apprendre plusieurs langues est un droit pour tous. Les enjeux concernent la réussite et l’épanouissement de tous les enfants, notamment ceux issus de l’immigration, mais également l’inclusion sociale.
Pour conclure, quels sont les impacts de vos actions ?
Depuis la création de l’association en 2009, nous avons pu toucher directement par le biais de nos actions sur le terrain environ 30 000 enfants et par nos formations plus de 11 000 professionnels de l’éducation : professionnel.le.s de la Petite Enfance et de l’enseignement principalement.
« 13% des professionnels déclarant avoir une très mauvaise connaissance des enjeux du multilinguisme estimaient, avant la formation, que parler une autre langue que le français était un handicap pour le jeune enfant »10
Dulala
Merci à Dulala pour cet entretien !
Pour l’équité, changeons de regard dès les 1000 premiers jours !